Il y a des moments où mon outil me semble vain, comme s'il souffrait d'une incapacité à porter autre chose que la (vaine, pauvre, illusoire...) empreinte du réel.
Ici, je suis souvent en colère. Et pourtant quelle belle affaire ! Mon but n'est pas de remplir le web avec des images qui montrent la violence et dans le même temps lui font une bonne publicité.
Sur cette terre, on a l'impression que la fiction l'a emporté sur la réalité, chacun crée son propre film, on peut voir tous les rôles s'enchaîner en une journée !
Je dois sans cesse prendre de la distance. Les images ne peuvent rien si ce n'est peut-être continuer à porter des utopies qui me font vivre, pour faire mon propre film.
C'est encore la seule chose que la photographie peut me permettre de construire au-delà des faits et des événements du quotidien.
Valérie Jouve, artiste
Journal de Palestine in “En attente“, Centre Pompidou, 2010